L'Or, l'Empire et le sang - La guerre anglo-boer (1899-1902) by Martin Bossenbroek

L'Or, l'Empire et le sang - La guerre anglo-boer (1899-1902) by Martin Bossenbroek

Auteur:Martin Bossenbroek [Bossenbroek, Martin]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Seuil
Publié: 2018-10-15T04:00:00+00:00


Colonnes en marche

* * *

Bloemfontein, 16 avril 1900

Churchill n’était pas allé à Bloemfontein pour musarder. Opérations, avancées, assauts… – tels étaient les maîtres mots de l’idiome dont il entendait abreuver les lecteurs du Morning Post. Les interminables convois de wagons de marchandises, le défilé quotidien des sacs bruns dans lesquels on transportait les cadavres relevaient d’un répertoire qu’il laissait à d’autres. Il brûlait de repartir en campagne. D’accompagner les troupes sur le haut plateau. Il était, cette fois, sans affectation militaire, mais en tant que correspondant de guerre, il n’avait de cesse qu’il ne se retrouve dans le feu de l’action.

À cet égard, il ne pouvait pas mieux tomber. Les Boers, qui semblaient avoir été pratiquement mis hors de combat en mars 1900, tout au moins dans l’État libre d’Orange, étaient réapparus en avril, parfaitement d’attaque. Sous le commandement dynamique du président Steyn exilé à Kroonstad, et de leur nouveau chef, Christiaan de Wet, leur stratégie avait changé, devenant beaucoup plus flexible. Ils multipliaient les raids sur la portion de territoire qu’ils disputaient aux Britanniques au sud-est de Bloemfontein. Le quartier général britannique manifesta sa surprise et son indignation. Ce n’était pas normal ; la capitale était occupée, l’État libre d’Orange avait perdu la guerre, et ses habitants étaient donc censés se rendre. Comme l’avait écrit lord Roberts dans la lettre qu’il avait adressée peu après la prise de Bloemfontein à la reine Victoria : « Il semble peu probable que cet État nous cause à l’avenir davantage de problèmes. » Restait le Transvaal, mais après la prise de Pretoria la guerre serait vite finie, prédisait-il. Un mois plus tard, à la mi-avril, le raisonnement de Roberts était encore le même. À un détail près : les choses prendraient un peu plus longtemps que prévu. Avant de lancer les troupes vers le nord, il allait falloir éliminer les quelques foyers de résistance qui subsistaient au sud-est de l’État libre d’Orange. Ses généraux rongeaient leur frein.

Fermement convaincu de l’efficacité de sa méthode, Roberts ne se faisait guère de soucis : la force inexorable des armes, étayée par le pouvoir de la parole écrite, aurait raison des rebelles. Il avait, dès le début, appliqué ces principes – si l’on parlait de ses « bombes de papier », ce n’était pas pour rien. Sa première proclamation au peuple de l’État libre d’Orange, le 17 février 1900, veille de la bataille de Paardeberg, était une exhortation à cesser les hostilités. Tout citoyen qui, obéissant à cet appel, resterait chez lui pour vaquer à ses occupations ordinaires n’aurait rien à craindre. Autrement dit, les combattants boers qui s’engageaient sur la voie du repentir ne seraient pas inquiétés. Dans sa proclamation du 11 mars, la seconde du genre, la mise en garde était explicite. S’apprêtant à occuper Bloemfontein, il promit aux habitants de ne pas s’en prendre aux paisibles citoyens. En revanche, si les Britanniques se heurtaient à la moindre résistance, ils seraient tenus pour responsables, avec toutes les conséquences qui s’ensuivraient pour eux. Une fois



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